« Can Bassó »

Résolument contemporaine mais dans son écrin d'authenticité, une finca entièrement restaurée dans la campagne ibicenca.

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  • La finca nous présente ici sa façade contemporaine avec une grande baie vitrée "Vitroxa" chez "Box3 Interiores". Le bassin est cimenté comme les bassins d'irrigation traditionnels, ce qui à l'eau des reflets d'un doux bleu grisé. La margelle est quant à elle réalisée avec un mortier de gravier roulé, de sable et de chaux, juste poli par l'entreprise de Bernard Wybo.

Àpartir d'une ruine de ferme agricole vieille de quelques trois cents ans, située au lieu-dit « Can Bassó » près de Santa Eulària des Riù à Ibiza, Anne Dimmers, liégeoise et chef d'entreprise, fait renaître une belle finca ibicenca.
Aidée de son frère Francis, maître d'œuvre, Anne réussit une rénovation respectueuse de l'architecture et des techniques locales tout en apportant une touche résolument contemporaine pour le plaisir de séjours exceptionnels.

  • La cuisine, derrière son mur en pierre de pays, donne sur une terrasse extérieure garnie de lourds madriers de récupération posés sur un lit drainant (aire de graviers), ce qui permet de réduire la détérioration du bois. Odile et Hadrien, nièce et fils de la propriétaire, prennent leur petit-déjeuner.
  • Entre deux rangées de madriers, une ligne de gravier.
  • Sur la table dressée pour le petit-déjeuner, des orelletes (pâtisseries en forme d’oreilles à base de liqueur d’anis) et une tarte flao.
  • Tables et bancs d'extérieur "Sanmarco" designés par Gae Aulenti pour "Zanotta".

Entourée de ces caroubiers plus que centenaires, « Can Bassó » était une maison rurale avec son aire de battage où l'on séparait le grain de la paille, un aljub (citerne) alimenté via un canal par les eaux pluviales captées plus haut par un grand bassin de collecte tapissé de pierres plates.
Elle regroupait un corps de logis principal comprenant el porxo, la cuisine et deux chambres, ainsi que des annexes telles que bergeries et écurie. L'habitation a pu être conservée et rénovée, mais les bâtiments à vocation agricole ont du être démolis et entièrement reconstruits à l'identique.

  • La piscine encastrée dans un jeu de restanques au milieu des terres ocres. Transats "Harp" de "Roda" en tube de métal et cordage. Dans la perspective, un caroubier plus que centenaire.
  • Étendant ses différents volumes, la finca épouse le vallonnement du terrain naturel apprivoisé en terrasses. Très peu d'ouvertures dans les façades sinon étroites pour obtenir une remarquable climatisation naturelle.
  • Vue plongeante sur le fond de la cour avec son aljub (citerne), les dépendances puis au fond les terrasses retenant en étages les terres cultivables.
  • Escalier en pierrailles à l'arrière de la cour.

Pour coordonner ce travail, Anne fait appel à Francis, ancien élève des Beaux Arts de Liège passionné des vieilles pierres et installé à Ibiza depuis plus de 40 ans.
Bouleversé, touché au cœur par l'harmonie et l'esthétique qui se dégagent de l'architecture ibicenca, Francis est effectivement à la hauteur pour orchestrer les travaux de « Can Bassó ».

  • Les toitures de la finca, plates avec ses bords relevés, sont conçues pour récolter au maximum les eaux de pluie. Depuis le module le plus haut, les gargouilles déversent les eaux de toiture en toiture jusqu'à la plus basse. Ainsi, le ruissellement suit le jeu des pentes et des différences de niveaux pour être finalement dirigé, par un conduit, vers la citerne (aljub).
  • Contre les murs d'enceinte de la cour, Anne a fait planter des vignes. Au fond, dans les parties annexes de la finca, la porte d'une dépendance s'abrite derrière un rideau de buis.

Le maître d'œuvre nous apprend par exemple que le paysan trace la façade de sa maison comme un enfant dessine une maison.
Au centre, il implante la porte qu'il flanque de part et d'autre de deux petites fenêtres haut placées, un peu comme un visage.

  • La façade abritant el porxo est ajourée par une porte flanquée de ces deux petites fenêtres, elle s'abrite à l'ombre d'un porche. Sur la droite, le four avec sa coupole, le tout dans une blancheur immaculée.
  • Détails du four et sa coupole.

Ces deux fenêtres de taille réduite dépourvues de vitrage mais garnies de volets intérieurs et d'une grille de protection apportent ventilation et régulation thermique.
Nous sommes ici dans le fameux porxo ou salle principale située au centre de toute maison ibicenca qui se respecte et, où, en été il y fait toujours frais.

  • Plantée au pied du pilier du porche, une bignone rose profite, par temps de pluie, des eaux provenant d'une gargouille. Sur la droite, des jarres à chaux anciennes.
  • A l'ombre, sous la charpente du porche faite en sabine et tegells, une table est dressée simplement pour un déjeuner entre amis.
  • Tables et chaises en bois chez "Sluiz" à Ibiza, Assiettes "B'ghest", couverts "Pintinox" et galletas marineras (galettes de pain sec).
  • Détails d'une bignone rose.
  • Entrée du four abritée derrière un volet escamotable.

C'est parce qu'elle est précédée du porchet (terrasse couverte) qui protège l'entrée de la maison et qui constitue aujourd'hui avec le pati (la cour) ceint de murs blanchis un cadre au charme merveilleux propice aux moments de partage et de repas farniente.
Protégé par le porche, le vieux four à pain toujours présent a été restauré par Pipo, un artisan local multidisciplinaire.

L'ouvrage tourne sa cupula morana d'origine arabe (sa coupole) vers l'extérieur du bâtiment.

  • Derrière un très vieil olivier, les dépendances qui abritaient anciennement les moutons ne sont pas recouvertes d'enduit chaulé. Une porte d'origine faite de vieilles planches ajourées a été conservée par souci d'authenticité.
  • La rénovation de la finca a modifié quelque peu la distribution, ainsi cette nouvelle entrée de la maison, privilégiant la transparence, a permis de relier les anciennes dépendances au corps de logis.
  • Cette entrée adopte la rusticité avec toutefois une fantaisie ostentatoire avec son pavage posé en croix. Les patères sont réalisées avec de simples morceaux de bois de sabine fichés dans le mur. Banc chiné chez "Sluiz" à Ibiza.

La cheminée est encore obstruée par une simple pierre escamotable sur laquelle la propriétaire a posé un vieux crâne de mouton.
L'ensemble du corps de logis est enrobé d'une délicate couche de chaux. Elle s’épaissit au fil du temps, renouvelée chaque année.

  • Dans cette chambre créée dans l'ancienne bergerie, la propriétaire invite un esprit industriel avec cette cloison transparente réalisée en métal et verres armés.

  • Baignoire et lavabo "Vieques" en acier designés par Patricia Urquiola pour "Agape".
Ainsi, la maison reste blanche offrant protection contre les pluies, les ardeurs du soleil et les insectes.

Le défi est de trouver la pierre, même pour Francis qui connaît bien l'île, car cette pierre est souvent de réemploi.

Les charpentes des toits-terrasses restituées sont réalisées à l'ancienne avec des solives en sabine (genévrier phénicien) et des tegells (bardeaux) d'olivier, d'amandier ou de caroubier. Pour certaines, Francis fait incorporer, par souci du détail, des posidonies séchées pour imiter les anciens qui inséraient ainsi dans l'ouvrage, entre plancher bois et couverture en terre, une isolation thermique.
Depuis des siècles, paisiblement, étendant ses différents volumes, la finca épouse le vallonnement de son terrain. Ainsi les toits plats miment les terrasses et grâce à leurs bords relevés ils recueillent les eaux de pluie.

  • Toujours dans l'ancienne bergerie, cette autre chambre perpétue avec ses murs en pierres apparentes la rusticité du vieux bâtiment à vocation agricole. Pour occulter le fenestron et pour le clin d’œil, une peau de chèvre vient se fixer dans des fiches de bois devant l'ouverture.
  • Dans la journée, cette peau de chèvre se "range" contre le mur sur d'autres patères. Pour la touche contemporaine, un banc "Quaderna" en panneau alvéolaire plaqué, créé par "Superstudio" pour "Zanotta". Chaise "Chair One" de Konstantin Grcic pour "Magis", chez "Box3 Interiores".
  • La salle d'eau de cette chambre arbore une modernité astucieuse : une étagère de toilette en fer à béton laqué et plaques de verre réalisée par Francis Dimmers.
  • Derrière le placard et la porte coulissante en pino tea dont la finition soignée contraste avec les autres matériaux bruts, la salle d'eau avec son lavabo autoportant "Pear C" en Cristalplant® immaculé designé par Patricia Urquiola pour "Agape".

La rénovation complète permet l'incorporation dans les toitures de vitrages qui illuminent d'un éclairage zénithal toutes les pièces de la maison.

La sabine (genévrier phénicien) est sans aucun doute le bois roi dans la vie paysanne ibicenca.
Depuis la plus petite patère, réalisée dans la branche la plus fine et insérée entre deux pierres, jusqu'à l'imposante jacena (poutre maîtresse) qui supporte la toiture de la finca, c'est la sabine, robuste et noble, qui joue tous les rôles.

  • Dans le porxo transformé en salle de travail, des tables "Fractal" en Corian® de Piero Lissoni pour "Porro", surmontées de lampes murales à balancier "265" de Paolo Rizzatto pour "FLos", le tout chez "Exentric". Chaises "Chair One" de Konstantin Grcic pour "Magis", chez "Box3 Interiores".

  • Très loin de l'identité ibicenca, mais selon le souhait de la propriétaire d'un souffle moderne, le bar en métal a été dessiné par Romain Cupper et réalisé par les ateliers "Miguel Subira" à Barcelone. Chaises de bar "Stool One" de Konstantin Grcic pour "Magis", chez "Box3 Interiores".
Dans le varadero (abri pour le bateau de pêche), la majorité des éléments qui le constituent et l'équipent, comme treuil, rampe, etc., sont réalisés en sabine car elle résiste aux difficultés climatiques du bord de mer. Dans le paissas (abris forestiers), corrals et tancos (enclos), nous trouvons porte, barrières et quantité d'éléments élaborés dans le bois de sabine. Soutenant les pieds de vignes hauts, servant d'essieux à la roue du moulin ou de la sénia (noria), la sabine est toujours présente. Es gaiato (le bâton) sur lequel s'appuie le grand-père, c'est encore elle… la sabine.

La porte principale avec ses doubles battants en pino tea (pin parasol) est d'origine. Pour la rénovation, d'autres portes anciennes ont été négociées chez quelques paysans voisins. Et c'est dans de vieilles pièces de pino tea, glanées ça et là, que Thierry Billaud, ébéniste à Ibiza, a reconstitué à l'identique les portes manquantes.
Les sols de la maison ont été élaborés selon la traditionnelle méthode du traspol, un revêtement coulé en plein.

  • Dans le salon, canapés "Tufty-Time" de Patricia Urquiola pour "B&B Italia", chez "Exentric", chaises de salon "Week-End" de Pierre Gautier Delaye, chez "Box3 Interiores". Lampe cuivrée "Blow Light" de Tom Dixon posée sur une table d'appoint en modules d'acier Corten réalisés par Francis Dimmers.

  • La cuisine avec son haut plafond en sabine et son mur en pierres apparentes marie la rusticité avec la modernité de son équipement. Armoire finition noyer et îlot central en inox "b2 Concept" de "Bulthaup" encastrée dans l'embrasure bouchée de l'ancienne porte charretière. Chaises de bar "Stool One" de Konstantin Grcic pour "Magis", chez "Box3 Interiores".
La base est un mortier de chaux dans lequel sont incorporés du gravier de mer, arrondi par les roulis, des fragments de céramique et de terre cuite pilée appelée puzolana. Pour optimiser les niveaux d'hygiène et d'entretien, l'entreprise de Bernard Wybo se permet une unique adaptation en polissant mécaniquement le revêtement.

Au cœur des terres ocres de « Can Bassó », la piscine est conçue tel un safareig (bassin d'irrigation) comme en possèdent la plupart des fincas. En aval, soutenue par un épais mur en pierre, en amont, s'appuyant contre un mur semblable, elle est encastrée dans le jeu des restanques. L'intérieur est simplement cimenté comme le safareig, ce qui donne à l'eau des reflets d'un doux bleu grisé.

Sur les plans d'Amélia Molina, jeune architecte ibicenca, la renaissance de « Can Bassó » mêle la simplicité d'une architecture juste, vraie, respectueuse d'authenticité et la rigueur de lignes plus modernes.

  • La jacena (poutre maîtresse) de la toiture terrasse belle et noueuse, et le puits de lumière étroit en rive.
  • Table de travail modulaire "b2 Concept" de "Bulthaup" avec son plan de cuisson "Gaggenau" et son point d'eau. Faitout "Habitat". Dans le second plan, l'armoire à appareils "b2 Concept" de "Bulthaup" dissimulant le four, le lave-vaisselle, le réfrigérateur.
  • Odile prépare le repas. Dans l'armoire "Bulthau", grille-pain "Dualit".
  • De longues patères en bois de sabine permettent de suspendre paniers et filets de courses.

Le geste contemporain se trouve notamment dans une grande baie vitrée "Vitroxa" fournie par le bureau d'architecture "Box3 Interiores", de même largeur que le bassin, et qui s'ouvre en format panoramique sur l'ordonnance d'une terrasse, d'une pelouse et des terres rouges sillonnées environnantes.
Certaines des six chambres s'habillent d'éléments en acier Corten liés au pino tea, des salles de bains s'inventent un esprit industriel avec des verrières équipées de vitres armées et l'ensemble de la maison accueille du mobilier signé : cuisine "Bulthaup", lavabos "Agape", meubles "Zanotta", luminaires "Flos". ■

  • Une chambre créée dans une partie des dépendances agricoles mêle la rusticité des matériaux bruts et l'acier qui habille ici armoire et cloisonnement de la salle d'eau. Lavabo "Vieques" en acier laqué blanc designé par Patricia Urquiola pour "Agape".
  • Détail d'un lest accroché au câble électrique d'une baladeuse.
  • Contre un panneau en pierres apparentes éclairé par un puits de lumière en rive, banc chiné chez "Sluiz" à Ibiza et baladeuse lestée.
  • La salle d'eau avec douche à l'italienne, lavabo "Vieques" en acier laqué blanc designé par Patricia Urquiola pour "Agape", applique "Glo-Ball C/W zéro" de Jasper Morrison pour "Flos".
Stylisme Laëtitia Rissetto / Photos© Philippe Rissetto / Texte Francis Dimmers et Philippe Rissetto

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« Can Bassó », Location à Ibiza pour formation, séminaire ou colloque
Réservation : Capestel sprl, Rue Grétry, 48/93, 4020 LIEGE - Belgique
Téléphone : 0032 4 349 49 49
Site web : http://www.capestel.be/



Les adresses citées dans le reportage :

  • "Box3 Interiores", Boutique et agence de décoration
    Polígono Industrial Blanca Dona Sector 1 nave 3, 07800 IBIZA – España
    Téléphones : 0034 971 199 731 / 0034 639 712 298
    Site Web : http://box3ibiza.com/
  • "Sluiz", Boutique
    Centra Ibiza - San Miguel km4, 07814 SANTA GERTRUDIS, IBIZA – España
    Téléphone : 0034 971 931 206
    Site Web : http://www.sluizibiza.com/



Les bonnes tables recommandées par Anne :

  • "Les Terrasses", Restaurant
    Carretera Santa Eulalia, 0 Km 1, 07840 Santa Eulalia Des Ríu, IBIZA – España
    Téléphone : 0034 971 332 643
    Site Web : http://www.lesterrasses.net/
  • "El Zaguan", Restaurant
    Avenida Bartolomé Roselló, 15, 07800 IBIZA – España
    Téléphone : 0034 971 192 882
    Site Web : http://www.elzaguan.es/
  • "La Paloma", Bar, restaurant
    San Lorenzo Apartado 156, 07800 IBIZA – España
    Téléphone : 0034 971 325 543
    Site Web : http://www.palomaibiza.com/
  • "Amante Beach Club", Restaurant
    Sol Den Serra, C/Fuera SN, 07849 SANTA EULALIA, IBIZA – España
    Téléphone : 0034 971 196 176
    Site Web : http://www.amanteibiza.com/



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