« Nina imagine pour vous... »

Dans notre société de consommation en pleine mutation, une jeune et talentueuse créatrice écolo s'acquitte d'une démarche pleine de sens en évoluant dans l'univers de la récupération et de l'industriel.
↓ Passez votre souris sur les images et faites apparaître les légendes↓
  • Dans l'atelier de Sabrina, la table de travail est une ancienne porte de château posée sur tréteaux. Elle a voulu pour cette pièce, des tons neutres comme le blanc des parois et le gris du sol en béton afin d'éviter toute distraction, car ses inspirations sont dictées par les objets eux-mêmes ou par son ressenti du moment.
  • Au premier plan, une lampe à poser « Boîte Biscuits Brun » aux lignes simplissimes. À droite, une autre lampe est composée d'un abat-jour aux couleurs des forces militaires et d'une chignole à vilebrequin, tandis qu'à l'arrière un bras extensible sert de base pour une future réalisation.

  • Sabrina réalise une lampe "précieuse" car composée à partir d'un morceau d'Ormeau, une essence de bois rare. Une ancienne plaque émaillée est fixée dessus pour la fantaisie.
Notre société de consommation est en pleine mutation et notre attention se porte depuis quelques années sur l’environnement, sur les nouvelles façons de consommer et de produire. Dans ce contexte, Sabrina Labrousse, une jeune et talentueuse créatrice écolo s’acquitte d’une démarche pleine de sens en évoluant dans l’univers de la récupération et de l’industriel. Celle-ci, fascinée depuis toujours par les objets d’antan et leur mécanisme étrange, recycle et transmet une seconde existence, une nouvelle âme à des objets rejetés.

Sabrina, "addict" des puces et des brocantes, crée à partir de ses trouvailles

Originaire de la région parisienne, Sabrina a beaucoup voyagé au cours de son adolescence, c’est ce qui a certainement formé son tempérament dynamique, curieux et un brin visionnaire.

  • Un luminaire à 26,55 Fr le kilo ? Non ! Mais une applique qui ne manque pas d'originalité et de fantaisie signée "Nina imagine pour vous...".
  • Accrochés à un porte-bouteilles, des pochoirs en zinc, ainsi que la création de Sabrina : le luminaire avec l'étiquette d'étalage. Sur la droite, une publicité pour garage "S.E.V. Marchal" datant de 1963 et marquant l'union des entreprises Marchal et S.E.V. (Société d'Équipements pour Véhicules automobiles).

En 1995, elle se fixe avec sa famille à Esnandes, un petit village de la Charente-Maritime au Nord de La Rochelle. D’abord dans le vieux bourg plein de charme, près de l'église Saint-Martin classée monument historique, elle s'installe plus tard côté mer, face à la baie d'Aiguillon, un écrin de nature exceptionnel et préservé.
Sa maison qu'elle a restaurée avec son époux, Florian, est dans un style éclectique. Elle invite dans son intérieur des objets et des meubles chinés par coup de cœur car elle n'achète pas par nécessité. Tout l'art consiste à imaginer une place pour les nouvelles acquisitions, un espace, un coin où elles sont mises en valeur par une mise en scène.

  • Le salon de Sabrina et Florian : un mélange de style et de matière. Une ancienne table de tri postal en acier perforé trône devant une commode galbée restaurée. Une échelle en métal provenant d'un établissement parisien, permet d'accéder à une mezzanine destinée à la sieste et à la lecture.
  • Une association que notre créatrice affectionne particulièrement : un fauteuil de style Louis XVI et une superposition de bacs industriels de rangement en métal.

Ainsi, dans son salon baigné de lumière et haut de six mètres sous plafond rampant, on trouve une verrière de style industriel, une commode galbée pour un soupçon d'ancien et des tableaux d'artistes contemporains pour la modernité. Le tout sur un sol en béton lissé très tendance.
Bien évidemment, elle y place également ses créations, celles dont elle ne veut pas se séparer.
Sabrina est une créatrice autodidacte, son parcours professionnel ne la destinait pas à devenir la bricoleuse inventive et illuminée comme on la définit quelquefois.
Et pourtant...
Après des études dans la communication, elle travaille comme commerciale dans le secteur de la décoration. Pendant cette même période, elle chine et cette activité se révèle être son passe-temps favori.

  • Entre le salon et le bureau, une fenêtre d'atelier constitue une séparation transparente.
  • Baptisé "Bac urbain" par Sabrina, ce bac utilisé ici comme porte-revues est réalisé avec une boîte de raccordement des eaux pluviales en béton montée sur roulettes.

  • Une « Applique Ophtalmo » apporte une lumière tamisée près de la tête de lit d'une chambre parentale.
Une création très remarquée !

Le luminaire « Applique Ophtalmo » est un caisson réalisé à partir de plaques de métal perforées et d’anciennes plaques de tests optométriques.
Les tests que Sabrina a utilisés sont des "échelles Monoyer" qui permettent de déterminer l’acuité visuelle à 5 m et se terminent par "ZU".

Notre créatrice, curieuse et obstinée, en a percé ce qui est un mystère pour la majorité d'entre nous : le nom de l’inventeur Ferdinand Monoyer caché dans les lettres du bord gauche que l'on peut lire de bas en haut.
Surtout, elle réussit avec le détournement de cet objet familier mais en même temps insolite à apporter une touche de fantaisie à ce luminaire intriguant, improbable.
Si les gens disent parfois d'elle qu'elle est une artiste un peu illuminée, c'est certainement à cause de cette création !

  • Une lampe sur trépied marquée d'une suite logique réalisée à partir de pochoirs chiffrés en aluminium.
  • Quand les pochoirs têtes en bas font leur numéro !

Elle se découvre effectivement un engouement à vagabonder, fouiner et dégoter des trésors dans les brocantes, les dépôts-ventes, les vide-greniers et même dans des décharges sauvages.
Ces trouvailles exercent une fascination sur Sabrina mais celles-ci s’entassent aussi jusqu’à prendre toute la place dans son petit atelier.
Le déclic vient alors tout simplement comme une envie de donner une orientation raisonnée à sa collecte.
En marge de son métier de commerciale, elle s'inscrit à une formation en agencement et décoration d’intérieur, en 2000. Elle y découvre et étudie "la lumière dans la maison" et en particulier le luminaire, un vrai acteur contribuant à l'ambiance d'une pièce.
Cette lumière qu’elle veut désormais apprivoiser est pour elle, une onde, une énergie qui met en valeur et fait vibrer une matière, une forme, une sculpture, une création.

  • Suspendus à un ancien porte-bouteilles, une lampe à pétrole patinée par le temps et un chiffre chiné dans une brocante attendent d'être invités dans des créations "Nina imagine pour vous...".
  • Lampe à poser "Cube" dont le socle est réalisé à partir de bois de palette. Avec ces lettres qui ont du caractère, Sabrina concilie le jeu éducatif et l'art moderne !

Aussi, sa première réalisation, «l’applique Ophtalmo», est un luminaire : un caisson réalisé à partir de plaques de métal perforées et d’anciennes plaques de tests de vision directement sorties d'un cabinet d'ophtalmologie. La logique s’installe pour celle qui rêvait depuis longtemps de créer sa société, encouragée par ses employeurs Cécile et Michel, elle trouve la volonté de réaliser un rêve, de se lancer dans cette aventure personnelle.
Les vieux objets chinés sont alors apprivoisés et compris parce que Sabrina essaie avant toute chose de connaître leur histoire, leur fonction première. L’identité, le vécu de l’objet sont sa source d’inspiration et ils l’aident à réaliser cette harmonie que l’on trouve dans ses créations. Elle courbe le métal, le galbe, le sculpte. Elle gâche le béton et le coule dans des moules. Elle assemble, elle visse, elle cisaille avec forcément une touche de féminité et également une note de poésie.

  • Dans un coin de l'atelier, un panier à huîtres laissé dans son jus accueille les dernières trouvailles de Sabrina : une étiquette ancienne de garage, un abat-jour en tôle émaillée pour lampe col de cygne et du fil électrique torsadé.
    Au second plan, un classeur à casiers métallique. Notre créatrice a muni les clapets de plusieurs étiquettes d'oreilles oranges destinées au marquage des vaches.
  • Baptisée "Cascade de conserves", ce luminaire constitue un détournement improbable.

Comme beaucoup d’artiste, Sabrina travaille avec ses mains nues, sans protection, sans gants qu’elle déteste porter. Pourtant les matériaux employés dans ses créations peuvent être coupants, qu’importe, elle aime toucher et rester en contact avec la matière.
Son matériel de prédilection, c'est son mètre dérouleur qui fait partie de son sac à main au même titre que son rouge à lèvres.
Dans l'atelier, c'est la perceuse qui est presque l'extension naturelle de son bras. "Sans elle rien ne se passe, elle m'est indispensable !", nous confit-elle.
Le mètre dérouleur fait partie de son sac à main au même titre que son rouge à lèvres

Quant au matériau, c'est au béton qu’elle accorde sa préférence.
Entre sa forme liquide et son état solide, tout est possible : "une matière maniable, un temps de séchage que l'on peut contrôler, de la couleur que l'on apporte à l'aide de pigments, le coulage peut se faire dans de nombreux contenants. J'aime réaliser avec ce matériau des socles stables et robustes".

  • L'applique "Caisson" est l'histoire d'une ancienne feuille de comptes aux calculs pointilleux, une écriture soignée rédigée à la plume.
  • Dans un coin de l'atelier, un classeur a été décapé pour mettre en valeur le métal brut de ce meuble de bureau des années 1930. Une vieille chaise en tube sur le modèle "Jardin du Luxembourg" avant l'apparition de l'invite d'assise dessinée par le designer Frédéric Sofia pour "Fermob". La baladeuse "Pot au lait" accrochée au paravent est un luminaire décalé "Nina imagine pour vous...".

  • Le classeur à casiers se cache derrière une autre superposition de bacs industriels de rangement en métal estampillé "Valentini". Une sculpture féminine, au premier plan, est réalisée à partir d'un moule à gâteau cannelé.
C’est grâce à ses luminaires singuliers qu’elle se fait immédiatement repérer. Une rencontre avec Karine Simonot, architecte d’intérieur, lui permet de vendre ses créations pour un loft parisien dans le 11ème arrondissement. Depuis, ses proches pensent à elle et récupèrent tout et n’importe quoi... c’est-à-dire des trésors pour notre créatrice. Elle raconte en s’amusant que son entourage va même jusqu’à penser à elle en mangeant une pizza : "le carton d’emballage pourra certainement lui servir !". Et si parfois c’est dit pour la railler, à plusieurs occasions, cela lui permet de rassembler de belles découvertes et même de l’aider dans des collectes plus importantes. Sabrina a créé son entreprise et sa marque « Nina, imagine pour vous... » comme pour dire sa volonté d’installer avec sa clientèle une relation de partage, d’échange et d’écoute. Elle vend ses créations et prend également des commandes personalisées sur Internet par le biais de son site Web. De plus, pour notre plus grand plaisir, elle nous donne rendez-vous sur son blog pour suivre son actualité du moment. ■

  • Sabrina crée également des bijoux !
    Voici un bracelet composé d'une jonction de mètre en métal et d'un lien en cuir appartenant à la collection que notre créatrice a baptisé "Maître de soi" pour jouer avec les mots.
  • Sur l'empilement de caisses industrielles de la marque "Valentini", un sac en toile de jute de 1967 et une vanne en aluminium attendent leur transformation.
  • Collier de la collection "Maître de soi", création "Nina imagine pour vous...".
Stylisme et photos Sabrina Labrousse / Texte Philippe Rissetto

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« Nina imagine pour vous... », Création de luminaires, objets et curiosités Sabrina Labrousse 3 impasse Les Sions, 17137 ESNANDES Téléphone : 00 33 (0)6 77 37 85 79 Site : http://www.ninaimaginepourvous.com/ Blog : http://www.ninaimaginepourvous.com/blog.html
Les coups de cœur de Sabrina :
  1. "Demeure 1823", Boutique de décoration, Fleuriste
    4 Place René Groussard , 79500 Melle
    Téléphone : 00 33 (0)5 49 07 95 86
  2. "Dentelles oxydées...", Blog d'Aurélia
    http://dentellesoxydees.canalblog.com/
    Retrouvez "L'univers poétique d'Aurélia" dans les pages de notre magazine !

Livres recommandés par Sabrina :
  1. "Modern Architecture Pop-Up", de Anton Radevsky et David Sokol, édité par "Universe Pub"
  2. "Broc'Styles", d’Aurélie Drouet et Cédric Chassé, édité par "Editions Ouest-France"
Modern Architecture Pop-Up Broc'Styles

Le sujet de ce reportage n'a été l'objet d'aucune presse "déco" au jour de la publication de notre article.
C'est une découverte du magazine "e-magDECO" !