« Moka Projet »

À Paris, Karine, home designer, s’est amusée à jouer avec l’esthétique structurelle de locaux industriels pour transformer ces derniers en un loft vintage.

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  • Mariage de couleurs acidulées avec ces chaises datant des années 1950 et des verres à vin en plastique de couleur kaki chez Habitat.

la recherche d’un bien à rénover dans Paris, un ami du couple, John d’Orbigny, agent immobilier, propose à Karine et Thierry une ancienne usine de ressorts datant des années 1950.
Le bâtiment a été transformé entre-temps en un lieu de consultation et d’hospitalisation de week-end pour les enfants.
C’est ainsi que lors de leur première visite, ils découvrent un espace aseptisé et cloisonné, chargé d’une ambiance lourde imposée par la reconversion du vieux bâtiment en maison médicale. Des faux plafonds et des bureaux dévorent la surface et les volumes, de nombreuses chambres se succèdent à l’étage.
- Le charme de l’ancienne usine était totalement masqué, nous précise Karine.
Pourtant, notre couple a su deviner le potentiel de transformation dissimulé derrière cette atmosphère peu engageante. Certains éléments les ont séduits comme cette voûte incrustée de pavés de verre et le beau volume ne réclamant qu’à être exploité. Un autre atout, enfin, la situation de l’immeuble très prisée au cœur de la capitale. Ils se lancent donc dans l’aventure en février 2006 et acquièrent l’ancienne usine.
L’architecte Vladimir Doray supervise tout le gros-œuvre alors que Karine se réserve la décoration de ce loft qui totalise au final 150 m2 de surface.

  • Karine Herz, home designer et fondatrice de l’agence « Moka Projet ».
  • Le charme indéniable de cette ancienne usine parisienne réside dans son volume généreux et son couvrement par une voûte mixte en béton et pavés de verre.

La phase la plus importante des travaux se déroule sur cinq mois puis en septembre, le couple s’installe avec leurs deux fils, Nathan et Hippolyte. À cette époque, seules deux chambres, une salle de bains et une cuisine spartiate établie dans le couloir, sont aménagées.
La famille vit donc au deuxième étage dans 35 m2 mais qu’importe, les propriétaires sont dans les lieux et peuvent ainsi mieux juger pour la suite des partis à tirer de tel aménagement ou de telle décision.
Au début de l’année suivante, un étage intermédiaire est créé, Karine et Thierry le destinent à l’espace à vivre. Architecturé comme une mezzanine, le plateau réalisé en béton armé coulé sur des bacs acier reçoit aujourd’hui un salon, le coin repas et la cuisine. Cet ensemble surplombe l’espace de travail aménagé en atelier-bureau au rez-de-chaussée. Tous deux dépourvus de fenêtres, ces volumes profitent d’un éclairage zénithal. La lumière y pénètre par des châssis vitrés et à travers les briques de verre de la voûte en béton armé.

  • Poufs galets “Livingstones” de Stéphanie Marin pour Smarin. Tapis en laine tuffté main. Peaux de mouton Ikea. Fauteuils des années 1950 chinés à Emmaüs de Neuilly-sur-Marne habillés de peaux de mouton. Canapé en cuir noir Ikea. Table basse chinée à la brocante Alasinglinglin au marché Popincourt à Paris.
  • Chaise orange “LCW“ vintage de Charles et Ray Eames. Table basse au design suédois des années 1950 chinée à la brocante Alasinglinglin au marché Popincourt à Paris. Peinture sculpture “Le passage du temps“ de Bernard Quentin. Accrochée au mur, une photo d’Alex Profit.
  • Hippolyte, le benjamin de la famille.
  • Autour d’une table trouvée chez Emmaüs, des chaises chinées à la brocante du canal Saint-Martin à Paris. Deux fauteuils avec coque garnie de skaï réalisés à l’époque pour une émission de télévision littéraire, ont été chinés dans la brocante de la rue de Bretagne à Paris. Sur la table, une carafe vintage Collection Mobil, dégotée dans la brocante Pop Deco à Trouville-sur-Mer. Lampe sur pied modèle “Toio“ de Castiglioni. Sur un long placard en médium de couleur taupe, dessiné et réalisé par Karine Herz, une lettre A en céramique bleue ramenée du Togo, un vase en caoutchouc couleur mastic Design by O chez The Conran Shop à Paris, un vase composé de tubes éprouvettes de laboratoire trouvé à la brocante du canal Saint-Martin à Paris et un bocal en verre contenant des anciennes bobines en bois.

- Nous avons choisi de travailler ce grand volume à double niveau afin d’optimiser l’esprit cour intérieure à la manière d’un jardin d’hiver ou d’un patio, nous expliquent les propriétaires.

En décapant les peintures, arrachant les revêtements plastiques, le couple laisse enfin apparaître la rambarde d’origine et le béton brut de l’escalier.

Au premier étage, la nouvelle dalle créée en mezzanine est recouverte d’une peinture de parking blanc cassé.
Dans le puits de lumière couvert par la voûte ancienne, les châssis disposés en périphérie sont réalisés par Georges-Edouard Fermaud.
Cet agenceur/designer et ferronnier parisien prolonge également la rampe d’escalier existante et le garde-corps de la mezzanine. Le blanc recouvre toutes les parois de la pièce à vivre. Des rangements sont installés sous une poutre structurelle près de l’espace repas et la cuisine ainsi que sous l’escalier menant au deuxième étage où sont dissimulés réfrigérateur et placards. Karine souhaitant une cuisine ouverte afin de profiter de ses convives lorsqu’elle reçoit, ne veut pas pour autant laisser visible le plan de travail ainsi que l’évier. Elle les dissimule alors derrière de longs casiers de rangement et, sur le côté, un grand panneau faisant office de tableau car couvert d’une peinture noire magnétique.

  • Partie d’échecs entre Nathan et Hippolyte, dans le salon... leur terrain de jeux.
  • La cuisine se dissimule derrière un bar et s’installe sur une partie du plateau cernée de vide : trémie d’escalier, vide sur rez-de-chaussée et plancher en verre. Même la paroi de séparation protégeant l’escalier semble accentuer cette impression de vide en s’interrompant plutôt que de rejoindre le plafond.
  • Le plan de travail ainsi que le bar constituent en fait un seul et même plateau en chêne massif dont le traitement est assuré avec du vernis marin mat. Astucieuse, la séparation permet d’abriter les accessoires et ustensiles de cuisine. Cet ensemble a été conçu par Karine Herz et réalisé avec des caissons Ikea. Sur le côté, un grand tableau noir recouvert de peinture aimantée. Suspensions vintage chinées.
  • Peu conventionnels dans un lieu d’habitation ordinaire, ici le jeu de transparence et la pénétration de la lumière naturelle empruntent un sens vertical. Toutes les surfaces en béton sont blanchies pour optimiser le bénéfice de cet éclairage zénithal.

Dans l’espace repas, de simples caissons standards Ikea habillés de façades en médium peint réalisées par un menuisier flirtent avec des chaises des années cinquante et des fauteuils en skaï chinés. Cet esprit vintage fait écho avec la table basse de design danois des années 1960 accueillant l’ordinateur familial et une chaise “LCW” signée Eames. Deux lampadaires “Toio” de Castiglioni éclairent le salon qui s’équipe de fauteuils noirs dénichés chez Emmaüs et recouverts de peaux de mouton.
Karine y ajoute un canapé en cuir noir Ikea escorté de coussins verts récupérés dans un stock de l’armée suédoise. Enfin, sur un tapis en laine, elle dispose des coussins galets Livingstones, créés par Stéphanie Marin, en un décor idéalisé pour des moments de détente en famille. L’ancien berceau, dans le salon, fabriqué par le grand-père de Thierry pour sa maman, sert à présent de rangement pour les plaids utilisés lors des soirées vidéoprojecteur sur le mur du salon.

  • Échelle verte en métal trouvée dans la rue. Accroché dans la montée d’escalier, un grand tableau de Ursula Bolenz, à la Galerie Broomhead Junker à Deauville.
  • Pots à lait de famille dont un est décoré de branchages où des étoiles en tissus colorés sont suspendues.
  • L’entrée du loft fait office de bureau et d’atelier pour toute la famille. Le sol en béton d’origine a été conservé. L’escalier et la rampe métallique ont été décapés. Canapé vintage récupéré dans la rue. Table basse Habitat. Sous l’escalier, meuble de métier à tiroirs en métal et lampe articulée récupérés dans l’usine Berl au Luxembourg. Des casiers en bois chinés s’empilent afin de former une bibliothèque. Devant un cadre argenté, un sac de ciment rapporté du Togo et une collection de vieux réveils chinés.
  • Dans le creux d’un écoinçon au niveau du deuxième palier de l'escalier, Karine a eu l’idée originale d’empiler des livres les uns sur les autres formant ainsi une sculpture.
  • Posée sur le meuble de métier, une collection de vieux vinyls et de fers à repasser.
  • Ancien bureau d’écolier et chaises d’enfant vintage chinés dans un vide-grenier en Bourgogne. Grande échelle grise en bois trouvée dans la rue. Sculpture en bronze “La Cantatrice“ de Laurence Louisfert. Le mur de la montée d’escalier est peint à la chaux.

L’espace nuit, incluant une salle d’eau, situé au second étage comprend maintenant les chambres réservées aux deux garçons alors que celle du couple a pris de l’altitude.
Chez Hippolyte, un escalier en médium fait sur mesure, dissimule des cubes servant de rangements.
Il mène à une mezzanine permettant un couchage supplémentaire.

Dans la chambre de Nathan, un mur de pierres avec reprise en briques a été laissé tel quel afin de prendre partie dans le décor, il constitue une belle découverte faite lors des travaux.

  • Dans la chambre d’Hippolyte, parquet en pin blanchi. Posé sur un tabouret Bubu designé par Philippe Starck, un vide-poche en tissu de chez Maison Georgette. Bureau et chaise en bois chinés en brocante et repeints avec une peinture mate de chez Ressource. Vase en caoutchouc de Design by O chez The Conran Shop, utilisé en corbeille. Échelle en bois récupérée dans une maison de campagne détournée en portant. Suspendu à celle-ci, un chameau tricoté main, souvenir d’enfance de Karine. L’escalier menant à une petite mezzanine a servi de prétexte à la réalisation sur mesure de placards de rangement. Réalisé sur mesure avec des panneaux de médium, celui-ci a été conçu par Karine.
  • Sur le lit, doudou mouton chez By Fourmis Rouges.
  • Quelques marches de l'escalier font office de casier ; dans l’un d’eux, une collection de vieilles bobines de fils en bois chinées en brocante. Dans des bocaux en verre, collection d’anciennes billes en terre, souvenir d’enfance de Thierry.

Les planchers en pin des deux chambres sont peints en blanc afin d’éclairer les pièces ajourées d’une large baie.
Quant à la chambre parentale, cette dernière a pris position sur une partie de la terrasse créée en lieu et place de l’ancienne toiture.
L’autre partie de la toiture a été maintenue comme espace extérieur afin que la famille profite des belles journées parisiennes.
Celui-ci se transforme en jardin suspendu grâce à des plantes en pot que Karine et Thierry ont réparties également sur le pourtour accessible de la voûte ajourée.
La chambre du couple est construite comme un cube dont la structure en bois et le bardage extérieur est recouvert de panneaux composites Viroc®.
À l’intérieur, Karine préfère dissimuler les rangements derrière de vieux draps blancs afin d’agrandir l’espace et générer une douce atmosphère.
La maîtresse de maison apprécie particulièrement ce lieu intime, lumineux, profitant d’un accès direct à la terrasse et d’une vue sur les hautes façades des immeubles parisiens.

  • Mur en pierres et briques que les propriétaires ont décrouté et qui apporte à la pièce une présence et un charme très actuel. Tabouret Tam Tam chiné dans la brocante de la rue de Bretagne à Paris. Bureau des années 1950 appartenant à Thierry lorsqu’il était enfant. Fauteuil et lit en bois des années 1950 trouvés chez Emmaüs. Bonnetière chinée en Bourgogne et peinte avec une peinture mate Ressource. Plafonnier, création de Céline Saby.
  • Dans la chambre de Nathan, une poutre en métal Eiffel d’origine. Ancienne armoire de cuisine chinée chez Emmaüs et coffre en bois, l’ensemble rajeuni par Karine avec une peinture mate Ressource. Globe terrestre chiné dans un vide-grenier de Trouville-sur-Mer.

L’ancienne usine de ressorts a ainsi quitté sa blouse médicale froide et anonyme.
Elle revêt aujourd’hui, grâce au talent de Karine, un manteau de douceur et se transforme en un lieu de vie où les alliances audacieuses et le mélange des styles créent une atmosphère unique.
Dans l'année 2009, Karine qui s’est engagée dans la voie de la décoration aspire à offrir ses services d’architecte d’intérieur à des particuliers, elle crée alors sa première agence qu'elle baptise “id-appart”.
Mais en 2015, s’associant avec un entrepreneur de travaux avec qui elle collabore régulièrement depuis quelques années, elle fonde une nouvelle agence de rénovation et de design intérieur « Moka projet ». Avec une préférence pour les projets de rénovation, la décoratrice propose un accompagnement personnalisé pour restructurer et concevoir les nouveaux aménagements intérieurs. Son concours englobe notamment la réalisation de mobilier sur mesure, la rénovation, la coordination de travaux et le shopping déco.

  • Dans la chambre parentale, une ancienne malle cabine, un souvenir du grand-père de Thierry, rénovée par Karine pour ranger les sous-vêtements, les chaussettes et les foulards. À l’intérieur, un vase en caoutchouc Design by O chez The Conran Shop. Petit bureau chiné à Fontainebleau et chaise “Fourmi“, modèle original 1ère édition dessinée par Arne Jacobsen. Vitrine en bois de famille. Sac imprimé, création Bérengère Lefranc.
  • Le plancher a été réalisé avec des plaques d’OSB peintes en blanc. Pour la tête de lit, Karine installe un élément d’un vieux lit en laiton. Malle en bois de famille des années 1950. Les chevets sont des caissons à tiroirs Leroy Merlin peints avec une peinture mate Ressource. Au mur, tableau “Passage du temps“ de Bernard Quentin. Plaid en cachemire et alpaga rapporté de Croatie. Plateau et mugs Habitat. Théière chinée à Trouville-sur-Mer. Un ancien meuble de cuisine vintage rénové et peint par Karine sert aujourd’hui de rangement. Guirlande lumineuse en papier multicolore Tsé &Tsé Associées. Lampes à poser, créations de Céline Saby.

Notre décoratrice affectionne le mélange des styles, des époques et des matières comme le bois, le métal, ou le lin ainsi que les patines sur les meubles qui témoignent d’un vécu.
Elle privilégie le mobilier industriel qu’elle apprécie particulièrement, notamment celui des années 1950 dessiné par les grands maîtres du design, et quelques créations de jeunes talents encore méconnus.
S’attachant à valoriser l’histoire d’un bâti, elle s’amuse des contraintes de l’existant et s’accommode des défauts pour conserver et mettre en valeur les éléments architecturaux authentiques.

Il ne s’agit pas de tout casser et de faire table rase du passé mais au contraire d’y puiser l’âme du lieu. ■

  • Anciens valets en bois et mannequin Napoléon III d’époque chinés en Bourgogne. Psyché en bois Habitat repeint en blanc. Rideaux confectionnés avec des anciens draps en lin.
  • Petite coiffeuse des années 1940 chinée à la brocante du Touquet. Sculpture en bronze de Laurence Louisfert.
  • Ancien miroir triptyque chiné en Bourgogne. Lampe à poser, création de Céline Saby. Guirlande lumineuse en papier multicolore Tsé & Tsé Associées.
  • Coussin liberty chez Merci. Coussin en lin BHV.
  • Détail d’une branche décorée de laines multicolores, création d’Aurélie Mathigot pour les vitrines de la marque de vêtements pour enfant Wowo. Accroché à celle-ci, un attrape-cauchemars réalisé par Karine avec des petites figurines en tissu trouvées chez Recycling Brocante.
  • Peinture sur toile Valou. Sculpture en bronze de Laurence Louisfert. Cloche en verre chinée dans un vide-grenier de la Folie Méricourt à Paris. Deux petites fioles en terre cuite offertes par une amie.
Stylisme Laëtitia Gleize / Photos© et texte Philippe Rissetto



Ce reportage a été publié dans le cinquième tome de la collection "S'inspirer".

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« Moka Projet »
Agence de rénovation et de design d’intérieur
Site Web : http://www.mokaprojet.com/



Adresses et marques citées dans le reportage :